Once Upon a Time in Hollywood : le nouveau trip de Quentin Tarantino

Fait ! J’ai enfin pu voir le tant attendu nouveau film de Quentin Tarantino. Voici comme d’habitude ma critique vidéo et une petite review sur mon blog.

Bon alors de quoi ça parle ? Difficile à dire car le résumé “le film nous raconte l’histoire de Rick Dalton dans un Hollywood qu’il ne reconnait plus” est presque trompeur. J’ai envie de dire que Once Upon a Time est un film “contemplatif”. A défaut de faire un trip au LSD, Tarantino nous convie à un trip cinématographique. Un conte fantasmé où vont se côtoyer humour, suspense etc… Un conte dans un Hollywood (re)visité dans les moindres détails. Car oui, Monsieur Tarantino est pointilleux dans sa reconstitution (et hors de question d’avoir recours aux effets numériques). On pourrait visionner le film plusieurs fois rien que pour le plaisir de découvrir la capitale du cinéma, ses recoins, ses bars, ses clubs et j’en passe.

Los angeles

Faut-il être fin connaisseur de “l’histoire Manson” pour apprécier ce film ? Non, car Tarantino n’est pas élitiste. Toutefois, connaître le drame qui a marqué l’Amérique cette nuit du 9 août 1969 et avoir quelques références cinématographiques nous permet vraiment de plonger littéralement dans l’histoire.

Tarantino ne s’intéresse pas à Manson ! Ce qui importe avant tout pour lui, c’est le contexte cinématographique des années 60. Charles est présent une trentaine de secondes mais cela suffit à laisser planer le doute, l’inquiétude, l’angoisse. Tarantino joue avec la suggestion. Il nous dresse une panoplie de “stars” comme Polanski, Sebring, McQueen, Tate mais il ne s’attarde pas sur eux. Son objectif c’est Rick Dalton et Cliff Booth. On pourrait même dire qu’on a le sentiment d’avoir une histoire par personnage. Rick Dalton qui tente de faire décoller sa carrière et Cliff qui semble mener sa vie de son côté tout en restant fidèle à son ami.

Brad Pitt est littéralement monstrueux mais à aucun moment il ne vole la vedette de DiCaprio. Au contraire, les deux personnages sont parfaitement équilibrés.

Il faut savoir aussi que le personnage de Cliff est inspiré d’un personnage ayant vraiment existé : Donald Shea alias Shorty : un cascadeur proche de Georges Spawn tout comme Cliff dans le film. Il était “membre” éloigné de la famille Manson. Shorty s’est fait tuer par le personnage qui incarne Clem dans le film et qui prend une raclée monumentale par Cliff. Encore une fois, Tarantino réinvente l’histoire….

Il donne au personnage de Cliff la possibilité de se “venger” de manière assez violente (dans la mise en scène, les plans, le son). C’est d’ailleurs ma scène favorite.

cliff et clem

Sharon Tate est aussi de la partie et Tarantino lui rend un magnifique hommage. On voit le personnage de Sharon (Margot Robbie saisissante) dans un cinéma en train de regarder un film dans lequel joue la véritable actrice Sharon Tate. Un effet miroir merveilleusement bien orchestré.

tate cinéma

Le film est bourré de références (La Grande Evasion, Au nom de la Loi, FBI….). La scène ou Rick Dalton tourne un western est une prouesse. D’ailleurs, impossible de ne pas penser à Django Unchained lorsque Dalton pique une crise dans sa loge (mêmes intonations, mêmes mimiques). Cette scène est aussi l’occasion de découvrir Luke Perry dans son dernier rôle. Classe et efficace, tout simplement. C’est ça la magie Tarantinesque : offrir la possibilité à des acteurs enfermés dans des rôles (lorsqu’on dit “Luke Perry”, on pense immédiatement à la série Bervely Hills) de dévoiler tout leur potentiel.

Le film est marrant (la scène de Bruce Lee), touchant (Rick Dalton qui attend que le tournage de son western commence et qui lit un livre sur la déchéance d’un entraîneur de chevaux alors que la demoiselle (à qui il donne la réplique et à qui tout semble réussir) lit un livre sur Walt Disney…..Encore une opposition comme Tarantino sait les maîtriser.

Tarantino joue aussi avec ses propres films (Kurt Russel, déjà présent dans Death Proof)

Once-Upon-A-Time-In-Hollywood-Clip-Kurt

Le film est lent mais se savoure. Cette lenteur s’explique par le fait que Tarantino tient absolument à prendre son temps de nous faire découvrir un Hollywood qu’il n’a jamais connu. Mais longueur n’est pas synonyme de “remplissage”. Il jalonne le chemin petit-à-petit pour nous donner un final grand guignolesque. Tarantino se lâche littéralement car il sait qu’il est trop tard et que rien ne pourra réparer ce qu’il c’est passé cette fameuse nuit. Il se permet même de reprendre une réplique de Tex Watson réellement prononcée ce soir là : “je suis le diable et je suis venu accomplir le travail du diable”. Tarantino s’approprie cette réplique pour mieux se débarrasser de ses personnages qui ont traumatisé l’Amérique. Il se moque de Tex Watson (Rex…).

Même si il ré écrit l’histoire, Tarantino nous dit indirectement que ce soir là, un parfait inconnu aurait pu lui aussi intervenir avant le drame et changer l’histoire comme il le fait lui.

Tarantino nostalgique ? Non, Tarantino mélancolique d’une époque qu’il n’a pas vraiment connu (il avait six ans à l’époque des faits) et qu’il aurait voulu découvrir.

Once Upon a Time in Hollywood n’est pas qu’une ode au cinéma. C’est un conte qui commence par “Il était une fois” et qui se termine par “et si ?”. Un conte sombre qui passe en revue le cinéma des années soixante de manière intelligente et qui s’attache à des personnages, leurs forces, leurs faiblesses.

Los angeles 2

 

3 thoughts on “Once Upon a Time in Hollywood : le nouveau trip de Quentin Tarantino

      1. De rien. Du coup je suis allé lire l’histoire de ce type assassiné par les cinglés de la famille Manson, c’est horrible. Cela montre aussi le racisme latent de Manson qui ne supportait pas que Shorty soit marié à une femme noire.
        Je suis abonné au blog. Par contre je ne m’abonne à aucune chaîne YouTube.

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